mercredi 20 mai 2009

matière

Démocrite, environ 500 avant notre ère avait compris que la matière était constituée d'une quantité indivisible : l'atome.
Sans microscope électronique.
En réfléchissant.
La matière ne pouvait être divisible à l'infini, sauf à arriver au vide c'est à dire l'opposé de la notion de matière. Une particule serait donc irréductible, qu'il appelerait "atome".
Il avait raison.
Un atome d'un être vivant diffère-t-il d'un atome de matière inerte ? Non.
Il est alors possible de décrire la vie comme une agglomération particulière d'atomes .
Avec une vision atomiste identique, Anaxagore de Clasymène, à la même époque, en conclut que la naissance n'est qu'une agrégation et la mort une séparation.
Concluons que "l'esprit", lui aussi repose sur ces mêmes atomes, et qu'un jour l'humanité ne se reproduira plus mais se répliquera.
Merci Démocrite pour cette trouvaille effrayante.

jeudi 14 mai 2009

vitesse

Comment déterminer la vitesse d'un objet ?
J'entends en utilisant les sens dont nous sommes dotés et non un appareillage technique.
Comment se construit la notion du "rapide" ou du "lent" pour notre perception ?
Tout d'abord en rapport avec notre propre corps, munis de ses qualités propres.
Si un animal se déplace lentement je peux l'attraper, s'il se déplace "vite" c'est difficile ou impossible.
Et comment savoir s'il se déplace ? relativement à d'autres corps qui ne se déplacent pas, par exemple le mien. La vitesse et l'espace se résument en première analyse à une perception.
Mais un objet très lointain peut paraitre aller lentement mais avancer beaucoup rapidement que la mouche que j'ai dans la pièce qui me semble très véloce. La perception n'est donc pas très juste.
L'objet lointain, je ne peux pas l'attraper je ne peux rien en dire.
Sauf un guépard, qui court après une antilope dans un jet de poussière, ses jambes enchainent les foulées si vite que je ne peux détailler leur mouvement.
La vue permet de corriger certains défaut mais il n'en reste pas moins qu'elle fournit des moyens d'appréciations imprécis.
La vitesse se laisse bien mieux évaluer par comparaison, par exemple avec un rythme sonore sur une cloche pendant qu'une tortue avance d'un point à un autre, ou le nombre de mes battements de coeur pendant ce trajet ( si je suis amoureux de la tortue mon coeur bat plus vite mais ne compliquons pas ).
Si maintenant le lièvre prend le départ, nul doute que quand il arrivera , moins de sons de cloche auront été entendus, ou moins de battement de coeur auront eu lieu.
Cela nous montre la nature profondément relative de la vitesse.
Je pense qu'il s'agit même de son essence : elle ne s'exprime que relativement.
Ma voiture fait du trois battements de coeurs pour quatre poteaux téléphoniques.
En fait nul d'inventer la notion de temps pour exprimer la vitesse, juste compter des changements.

dimanche 10 mai 2009

L'humanité est-elle libre ?

Je maîtrise mon corps. Je peux décider de sa position, grossir, maigrir, courir. Mais mon corps pareillement me maîtrise. Le cœur bat , les poumons respirent, les fluides se fabriquent sans que je le décide. Je décide de mes pensées, enchaîne les raisonnements logiques. Mais je ne décide pas de mes rêves ni de pourquoi une pensée me vient à l'esprit. Comme dit Spinoza "Les hommes se croient libres car ils sont conscients de leurs désirs mais ignorant des causes qui les déterminent". Des composants sont à l’œuvre en moi qui me constituent comme un tout.
Mon corps compose un autre corps : la société à laquelle j'appartiens. La nation impose ses lois, culturelles, juridiques, morales. Et tous ses éléments réagissent ensemble, tel un "corps" d'armée dans une guerre, où il faut faire "corps" contre l'ennemi. Si vous n'avez jamais défilé au pas, c'est une expérience remarquable, une éducation à ce nouveau corps collectif.
Et mon esprit participe d'un autre esprit, celui d'un groupe culturel, linguistique en l’occurrence l'esprit français.
L'individu par ses actes ou ses pensées peut apporter des inflexions sur sa conduite propre, sur le comportement du groupe ou de la société. L'inverse est pareillement vrai, dès son plus jeune âge, le petit d'homme voit ses pensées, sa conduite et son langue formatées par la culture, et l'adulte obéit aux lois et aux modes.  On retrouve ces deux points de vue chez les sociologues entre le "holisme" et "l'individualisme". Deleuze traduit cette double influence en une maxime simpliste en forme de sens unique: "Être de gauche c’est d’abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi ; être de droite c’est l’inverse." Mais qu'est ce qu' être humain ? c'est faire partie de l'humanité.
Les nations, les peuples, les groupes constituent les éléments d'une entité plus vaste encore: l'humanité.
L'humanité agit , se nourrit, se reproduit, travaille, conquiert l'espace. A-t-elle un but?  est-ce l' Esprit qui la conduit, comme le pensait Hegel, ou est-elle un corps soumis aux nécessité de sa nature  comme le pense Spinoza?
Kant a lui coupé la poire en deux. Il estime que notre raison, suprasensible, libre et autonome, ne dépend pas des lois physiques alors que notre corps, sensible, est soumis aux lois de la nature, et donc il est empiriquement conditionné. Il exprime cette pensée dans une phrase très belle  mais un peu complexe de la "Critique de la raison pratique", pur exemple de la langue Kantienne :
"La nature sensible d'êtres raisonnables en général est l'existence de ces être sous les lois empiriquement conditionnées, et elle est donc, pour la raison, hétéronomie. La nature suprasensible de ces mêmes êtres est au contraire leur existence d'après des lois indépendantes de toute condition empirique,partant, qui relèvent de l'autonomie de la raison pure."