samedi 30 octobre 2010

tour de contrôle

Jamais ne m'était apparu plus clairement pourquoi naturellement on dissocie le corps et l'esprit.
Souvent la volonté reste sans effet sur le corps.
Tout d'abord lorsque, nouveau né, les tentatives de mouvement ordonnés restent vaines. J'ai quelques réminiscences de vouloir bouger le bras dans une direction, sans succès. Il suffit de regarder un bébé tenter de mettre pour la première fois son pouce dans sa bouche, ou d'essayer d'attraper maladroitement un jouet.
A cet âge, la chaine de commandement, nerfs,muscles,tendons ne possède pas suffisamment de précision pour arriver au but.
Il en résulte la sensation que nous sommes une tour de contrôle d'un engin balourd dont nous sommes équipés pour découvrir le monde. De là vient l'esprit de dissociation: le corps n'est pas nous, il obéit au service de la volonté, mais possède un comportement intrinsèque sur lequel nous n'avons pas toujours prise.
Une deuxième expérience, beaucoup plus tard, me le révèle. Après une appendicite, une zone autour de la cicatrice se retrouve insensible. Cette zone que je touche avec mon doigt, ne me retourne aucune sensation : ce morceau devient un objet qui n'est moi que parce qu'il est rattaché au reste. Mais si j'étends le raisonnement, seuls les "inputs" de mon corps me le font sentir mien. Il me rattache au monde, mais il se réduit à un instrument plus ou moins bien adapté au service de ma volonté.

dimanche 24 octobre 2010

toile

Le soleil irradie les fils et révèle la délicate toile d'araignée nichée au coin supérieur gauche de la baie vitrée. Remarquable d'élasticité, elle est balancée par le vent sans danger pour sa structure. L'instinct de l’arachnide produit cette délicate géométrie, sans nœud apparent. Mon regard traverse la toile et je distingue au fond du jardin le grillage qui le clôture. Cette similitude m'interroge. D'un côté un simple insecte, ses fluides son instinct, de l'autre un groupe d'humains, une industrie, de l'intelligence. Au final une toile ou une grille.
Le World Wide Web, qui prétend être une toile, en partage quelques caractéristiques. Lorsque le client se connecte sur la toile, quelque chose se produit alors sur le serveur destinataire, comme si la toile avait vibré. Le serveur web tapi dans l'ombre vient insérer dans la réponse au client un poison invisible dont il ne va pas pouvoir se débarrasser : le cookie. Gluant, le cookie reste attaché à toutes les requêtes que va ensuite envoyer le client au serveur, ainsi peut-il connaître les déplacements du client sur le site. Mais il peut aussi savoir où se trouve le client, car dans chaque requête envoyée par le navigateur se trouve son adresse sur la toile. Savoir où il est, où il va, ce qu'il préfère : il n'en faut pas plus pour pour capturer le client et se repaître.