samedi 30 octobre 2010

tour de contrôle

Jamais ne m'était apparu plus clairement pourquoi naturellement on dissocie le corps et l'esprit.
Souvent la volonté reste sans effet sur le corps.
Tout d'abord lorsque, nouveau né, les tentatives de mouvement ordonnés restent vaines. J'ai quelques réminiscences de vouloir bouger le bras dans une direction, sans succès. Il suffit de regarder un bébé tenter de mettre pour la première fois son pouce dans sa bouche, ou d'essayer d'attraper maladroitement un jouet.
A cet âge, la chaine de commandement, nerfs,muscles,tendons ne possède pas suffisamment de précision pour arriver au but.
Il en résulte la sensation que nous sommes une tour de contrôle d'un engin balourd dont nous sommes équipés pour découvrir le monde. De là vient l'esprit de dissociation: le corps n'est pas nous, il obéit au service de la volonté, mais possède un comportement intrinsèque sur lequel nous n'avons pas toujours prise.
Une deuxième expérience, beaucoup plus tard, me le révèle. Après une appendicite, une zone autour de la cicatrice se retrouve insensible. Cette zone que je touche avec mon doigt, ne me retourne aucune sensation : ce morceau devient un objet qui n'est moi que parce qu'il est rattaché au reste. Mais si j'étends le raisonnement, seuls les "inputs" de mon corps me le font sentir mien. Il me rattache au monde, mais il se réduit à un instrument plus ou moins bien adapté au service de ma volonté.

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