mardi 3 avril 2007

identité


La démarche, l'allure vestimentaire, les fins cheveux qui s'élevent doucement en onde rythmant ses pas, ses arrêts aux devantures, bientôt vous la rendent familière.Cette filature fortuite vous avait permis d'imaginer une beauté exceptionnelle.
Rien , quand elle s'est retournée, n'augurait de ce visage en complet désaccord avec votre imagination de fin limier.

Vous écoutez la radio. La voix, le rire, les intonations, les murmures, les soupirs, le rythme des mots vous ravissent. Ses traits ne se dessinent pas vraiment mais elle vous est familière, presque une connaissance que vous saluez à l'heure de son émission. Vous lui attribuez des caractéristiques physiques mal définies, une idée plus qu'un profil. Un jour son nom sous une photo dans un magazine et tout votre échafaudage s'affaisse subitement. Médusé, vous la découvrez étrangère. Rapprocher le timbre de voix aux lèvres, aux yeux, au nez, à tout ce visage, demande un effort .

Un livre, un auteur, qui a posé ces lignes, cette histoire, ce roman. Elle invente, rêve, raconte, écrit et y met du sien. Elle saupoudre le papier de quelques jalons de son âme. Même inconciemment, elle nous transmet un peu de ce qu'elle désire, un peu de son être. Le lecteur se l'imagine, la dessine au fil des tomes, des romans, des essais, puis va jusqu'à la penser proche. Un jour elle est questionnée dans une émission littéraire à la télévision, son véritable visage vous saisit. La réalité vous prend à la gorge, vous ne la reconnaissez pas.

Un délice étrange, ce moment de découverte qui vous remplit de doute, cet être à deux faces, coïncidense forcée entre imaginaire et réalité. Voix, pensée ou silhouette, à la quitter, celle qu'on imaginait, la peine nous inonde, l'illusion perdue nous laisse terriblement déçu.
Comme un enfant qu'on réveille.

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