samedi 2 juin 2007

Croissance


L'accroissement de la production de biens et de services dans un pays sur une année définit ce qu'on entend habituellement par croissance économique.
Si j'entends bien le discours uniformément diffusé par les partis politiques, les économistes, les médias en général, la création d'emplois dans notre pays se trouve directement en dépendance de la croissance économique.
Et c'est pour moi un premier mystère. Car toutes les entreprises partagent l'objectif de produire plus à moindre coût, en particulier sans augmenter les coût salariaux donc sans embaucher. L'augmentation de la productivité, à masse salariale constante, parait en tête de tous les mantras les plus ressassés, en usine, en SSII ou ailleurs.
Pour une usine, une banque, un commerce, embaucher n'est pas une fin mais un moyen.
Le deuxième mystère apparait lorsqu'on considère que nos sociétés sont destinées à croître. Economiquement ou démographiquement. Il n'est de pire catastrophe que d'envisager une démographie en baisse, une population décroissante.
Parce qu'à contrario, pas de croissance ou croissance négative signifie chômage, ce qui reconnaissons le parait plus facile à assimiler : la production décroit donc moins de travail généré.
Mais si l'on rapportait l'acroissement de la population à l'accroissement de la production, il devrait être possible d'avoir une relation à peu près linéaire. Une population s'accroit de 1%, la production interne, à terme, en réaction, devrait s'adapter.
Si la population décroit de 1% à l'identique nous devrions constater une contraction de cette même production.
Mais nous ne vivons pas dans ce monde où la production se trouve corrélée uniquement au nombre d'habitants. Le pays "s'enrichit".
La production est liée au nombre de consommateurs , au nombre de biens et services et à la quantité consommés. On ne produit qu'au plus près de ce qu'on vend, et de ce qui est consommé.
Si nous consommions, France de 2007, comme dans les années 70, un réfrigérateur, une télévision, des vacances en France, pas d'ordinateur à la maison, pas de walkman, pas de PDA, etc... le taux de chômage serait aujourd'hui considérable.
Car non seulement la population a fortement augmenté, mais la production et la consommation de façon plus forte encore.
En 1975 le PIB en france était de 789.9 milliards d'euros, en 2006 il atteint 1593.7 milliards d'euros.
Lors du recensement de 1975 la population française atteignait 52,656 millions. En 2006 nous étions 61,538 millions.
Pendant que le nombre d'habitants augmentait de 17%, le PIB, donc la production, doublait.
Et le chomage devenait ... structurel.
Le dilemme posé apparait donc le suivant : consomme ou bien chôme.
La croissance mécanique qui couvrait les besoins essentiels santé, logement, éducation, nourriture a depuis longtemps été completée par une croissance du superflu , haute technologie à la maison, programme d'amaigrissement, cosmétiques ...
La vérité se situe bien là : de moins en moins de travail humain est nécessaire pour produire de plus en plus. ( cf La fin du travail)
Sauver le travail implique donc effectivement une course à la production du superflu : qui a besoin d'un Airbus A380 sinon Airbus , ses salariés, les actionnaires ? Les clients ressentent ils le besoin d'un avion géant ?
Qui a besoin de fibre optique pour lire ses emails à 50Gb/s ou regarder 3 chaines de télévision simultanément sinon Neuf Telecom, Wanadoo, les salariés et les actionnaires ?
Les jeunes chômeurs des cités ,vêtus de chaussures Nike ou Puma à 200 euros , témoignent de leur exigence de consommateurs dans un monde qui en retour n'a pas besoin d'eux comme travailleurs.
La croissance n'a de sens qu'au regard des besoins humains. Nos sociétés occidentales, sous cet angle, n'ont pas besoin de croissance, mais d'une meilleure répartition des biens.

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