mercredi 5 février 2014

Voici les idées communiquées sur le site du CNDP, qui sert de base aux expériences pédagogiques du ministère de l'éducation dans une série d'établissements.
Le genre est une construction sociale et non naturelle s'appuyant sur la différence des sexes.  Par conséquent si l'on veut lutter contre les inégalités sociales dues au genre il faut rétablir dès l'école l'égalité entre fille et garçon. Cela implique de lutter contre les préjugés "sociaux", les stéréotypes comme: les garçons ne pleurent pas et sont violents, et les filles sont douces et plus refléchies. Ou bien les garçons doivent mettre des pantalons et les filles des robes.
Pour lutter contre ces "préjugés", générateurs par la suite "d'inégalités" le CNDP propose sur son site l'ABCD de l'égalité un ensemble de formations et de matériels pédagogiques. Il faut donc par exemple faire admettre aux enfants que jouer au rugby pour les filles est aussi naturel que pour les garçons, et mettre en situation de mixité les enfants pour leur faire pratiquer la lutte. Il faut leur faire lire des livres tels que "Marcel la mauviette" ou "swimming poule mouillée" qui mettent en scène des garçons timides, pour montrer que le sport n'est pas plus naturel aux garçons qu'aux filles.
Ce raisonnement repose sur les prémisses suivantes :

A- des inégalités sociales sont fonction du genre
B- le genre se construit par la tradition et par les préjugés véhiculés dans l'école, la famille ou les médias
C- les activités définissant ou associées à chaque genre peuvent être changées par l'école

La conclusion déduite par le CNDP est la suivante:

D- Les inégalités sociales fonction du genre vont diminuer

Examinons ce raisonnement.
Tout d'abord constatons que les femmes sont moins bien payées que les hommes à compétences égales. Constatons aussi que les postes de direction, les fonctions politiques, sont monopolisés par les hommes, sans doute parce que la tradition impute aux femmes le rôle d'élever les enfants. Donc indubitablement la prémisse A est vraie.

Les enfants masculins et féminins se voient très tôt prescrire des attitudes correspondant à leur sexe: faire du sport, se battre pour les garçons, séduire et jouer à la poupée pour les filles. Les vêtements sont différents, les filières d'éducation  également, etc... Impossible de ne pas constater que la société joue un rôle de définition des genres masculin et féminin, donc la prémisse B est sans aucun doute vraie, puisque rien n'empêche naturellement, biologiquement les filles de se battre, de faire du sport ou d'être ingénieures.

Si l'école incite les filles à jouer au rugby, à faire de la lutte, à faire des études d'ingénieures, à diriger des entreprises, à faire de la politique, à ne pas compter sur la séduction, à laisser leur futur mari garder les enfants  si elle laisse les garçons s'intéresser à la danse, les autorise à pleurer si ils ont mal, les incite à montrer leur faiblesse, à s'intéresser à la couture, à la mode, aux tricots, pourquoi pas au maquillage, à élever les enfants à la maison, si on désavoue les regroupements par sexe, nul doute que les genres masculin et féminins seront redéfinis, comme le postule la prémisse C.


 Pour le CNDP il parait possible d'élever exactement de la même façon filles et garçons, la nature leur offre les mêmes possibilités, il faut laisser chacun aller vers l'activité qu'il souhaite sans préjuger de son sexe, que ce soit sport, art ou technique. Il faut également encourager la mixité dès le plus jeune âge, y compris dans la lutte.

Surgit alors la question fondamentale : que restera-t-il de la masculinité et de la féminité ? Si le masculin et féminin sont des caractères culturels, et que sous prétexte de diminuer les inégalités nous gommons les différences, ne resteront plus que les caractères biologiques. Masculin et Féminin se réduiront aux gènes et aux aux différences physiques, des seins pour les filles , de la barbe pour des garçons, des voix aigues et des voix graves, des tailles différentes. Quelle place pour les activités spécifiquement féminines ou masculines?
Verra-t-on les hommes continuer de chasser, ou de faire la guerre ? Mais si réellement nous atteignons un objectif d'éducation égalitaire, toutes les activités deviendront réellement mixtes à moyen ou long terme, l'inverse signifierait un échec éducatif et reconnaitre que le genre ne repose pas uniquement sur la culture, hypothèse qui rendrait alors caduque une recherche de l'égalité par l'éducation identique chez les filles et les garçons.
Qu'en sera-t-il de la maternité? N'est ce pas là une inégalité criante qui subsisterait comme pénalité pour une carrière professionnelle ou politique? La femme doit s'arrêter de long mois, handicap insurmontable par rapport à ses concurrents masculins. L'école n'y peut rien.  la GPA n'est pas une solution généralisable car on ne peut alors se réclamer de l'égalité, puisque s'établit alors un rapport de domination: une autre sera immobilisée neuf mois. Ce qui reste de la féminité pourrait dans ce cas pourrait bien disparaitre un jour grâce à un utérus artificiel, sans doute à l'étude dans les labo. Enfin l'égalité entre homme et femme. Quel progrès.

N'y a-t-il pas une erreur dans ce raisonnement? Effacer les inégalités due au genre impose t il de redéfinir le genre ? Ne peut-on ré-examiner d'où viennent les stéréotypes constitutifs du genre ?

Filles et garçons sont dotés par la nature d'hormones différentes. La testostérone renforce l'agressivité et les muscles. L'homme, naturellement, dépasse la femme dans les activités qui nécessitent la force physique.
Dans l'apprentissage des fonctions du corps, vitesse, force, les garçons se regroupent naturellement. Les disciplines sportives subissent une ségrégation naturelle et regroupent les meilleurs qui proviennent du même sexe : les records d'athlétismes ou de natation sont établis par des hommes, les hommes sont les plus forts en boxe, en tennis, en karaté, en judo, en football, en handball, en volleyball, bref .
L'idéal sportif reflète les valeurs sociales : la société tend naturellement à sélectionner les meilleurs, pour le bénéfice de tous. Mettre les filles au rugby, ou proposer du football mixte à l'école revient à ignorer la construction des stéréotypes sur des bases biologiques. Comme le disait François Jacob, dans "la souris la mouche et l'homme", c'est confondre deux ordres : l'ordre du social et l'ordre du biologique. Redéfinir le genre à l'école, décider de l'agressivité des filles ou de la douceur des garçons serait donc une illusion, une aberration anthropologique. Vouloir rendre les populations mixtes dans le sport ignore qu'il est une école de la performance.
Les communautés de filles et de garçons se constituent également sur la base d'une expérience commune du corps et du désir. Les filles auront toutes l'expérience de la menstruation, les garçons de l'érection matinale. La peur et le mystère de l'autre sexe fonde les regroupements par sexe, les sujets de discussion, les jeux, bref une culture de genre. Oui il faut apprendre aux garçons que c'est un crime et même un tabou que de frapper ou maltraiter une femme, mais sans inventer une égalité biologique factice.
La véritable question relative aux inégalités futures n'est-t-elle pas pourquoi ne favorise-t-on pas l'intelligence pour distribuer les postes?

Les filles réussissent mieux que les garçons à l'école. Peut être justement parce qu'elles sont moins obnubilées par la force et la compétition naturelle chez les mâles au même âge. Les hommes maintiennent une domination patriarcale construite sur l'immobilité de la femme en couche, laquelle est raréfiée aujourd'hui par l'utilisation de la contraception. Mais ils n'ont aucun privilège biologique pour l'intelligence. La perpétuation de cette domination peut être combattue par une politique de quotas, dans l'entreprise, le social ou dans les instances politiques pour les postes ou rien ne justifie une différence basée sur le genre dans l'attribution des postes.




1 commentaire:

sabine a dit…

Heureusement que la danse attire quand même de nombreux garçons, car ils apportent à cet art précisément ce complément d'âme surgi de la différence gestuelle, corporelle et expressive.
Pour le reste, je suis d'accord avec l'idée - lointaine peut-être - qu'un monde où être homme ou femme ne ferait aucune différence serait un monde triste. J'ose dire que s'il existe un bonheur d'être femme que les hommes ne peuvent approcher, c'est bien celui de porter l'enfant dans son ventre puis de lui donner naissance et de l'accompagner au seuil de la conscience du monde grâce à un lien peu descriptible mère-enfant. On pourrait parler d'intuition et alors, bien évidemment, revenir au débat depuis le début puisqu'il serait de bon aloi de contester "l'intuition féminine".