jeudi 12 avril 2007
Migration choisie
Les saumons, après un périple de plusieurs milliers de kilomètres en mer qui dure plusieurs années, remontent les eaux tumultueuses d'une rivière, celle dans laquelle ils sont nés quelques années plus tôt, pour suivre leur destinée de reproducteur sur le lieu même de leur frayère natale.
Les scientifiques pensent qu'ils reconnaissent une odeur toute particulière, l'odeur de l'eau, caractéristique de l'environnement dans lequel ils sont nés.
Les manchots, en antarctique, viennent pondre, parmi d'innombrables semblables, exactement sur le site où leur précédent nid fut construit. Quitte à monter sur une caisse abandonnée précisément sur cet endroit, si d'ordinaire une expédition, peu soucieuse des maternités manchotes, abandonna quelques vestiges d'activité humaine.
Les migrations chez les animaux sont dues à des facteurs climatiques, à des questions d'espace vital et de nourriture.
Chez les humains, à l'identique, la migration se produit pour obtenir une vie meilleure. Le migrant, quand il le peut revient voir sa famille ou tente de la ramener avec lui. Il a toujours pour but de revenir aux pays, dans d'autres conditions, avec un petit magot.
Mais les migrations posent souvent problème aux populations autochtones qui ne veulent pas accueillir toute la misère du monde, au risque de devoir partager et voir leurs avantages remis en question.
Nous sommes différents des animaux mais pourtant si semblables.
Si un jour le climat change en France, de telle sorte que la vie y deviennent insupportable, alors nous deviendrons nous mêmes des migrants, animaux en quête d'une vie meilleure croisant le chemin des manchots et des saumons.
mardi 3 avril 2007
identité
La démarche, l'allure vestimentaire, les fins cheveux qui s'élevent doucement en onde rythmant ses pas, ses arrêts aux devantures, bientôt vous la rendent familière.Cette filature fortuite vous avait permis d'imaginer une beauté exceptionnelle.
Rien , quand elle s'est retournée, n'augurait de ce visage en complet désaccord avec votre imagination de fin limier.
Vous écoutez la radio. La voix, le rire, les intonations, les murmures, les soupirs, le rythme des mots vous ravissent. Ses traits ne se dessinent pas vraiment mais elle vous est familière, presque une connaissance que vous saluez à l'heure de son émission. Vous lui attribuez des caractéristiques physiques mal définies, une idée plus qu'un profil. Un jour son nom sous une photo dans un magazine et tout votre échafaudage s'affaisse subitement. Médusé, vous la découvrez étrangère. Rapprocher le timbre de voix aux lèvres, aux yeux, au nez, à tout ce visage, demande un effort .
Un livre, un auteur, qui a posé ces lignes, cette histoire, ce roman. Elle invente, rêve, raconte, écrit et y met du sien. Elle saupoudre le papier de quelques jalons de son âme. Même inconciemment, elle nous transmet un peu de ce qu'elle désire, un peu de son être. Le lecteur se l'imagine, la dessine au fil des tomes, des romans, des essais, puis va jusqu'à la penser proche. Un jour elle est questionnée dans une émission littéraire à la télévision, son véritable visage vous saisit. La réalité vous prend à la gorge, vous ne la reconnaissez pas.
Un délice étrange, ce moment de découverte qui vous remplit de doute, cet être à deux faces, coïncidense forcée entre imaginaire et réalité. Voix, pensée ou silhouette, à la quitter, celle qu'on imaginait, la peine nous inonde, l'illusion perdue nous laisse terriblement déçu.
Comme un enfant qu'on réveille.
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