Quand les chaînes d'information continue reprennent les éléments de langage du gouvernement cela donne ceci "la taxe d'habitation ne sera pas supprimée pour 20% des plus riches, c'est une mesure de lutte contre les inégalités".
Platon aurait été surpris d'entendre le déplacement sémantique qu'on opère 24 siècle après "La République". Inégalité est devenu synonyme d'injustice. Platon ne parlait pas d'inégalité mais de justice et décrivait la société "juste" composée de trois classes: le peuple artisan et commerçant, les guerriers soldats et la classe éduquée qui comprenait les philosophes. Ces trois classes doivent vivre harmonieusement, voilà en quoi consiste la justice. Il accordait évidemment une valeur primordiale à l'éducation qui permettait d'apercevoir et de viser le Bien ce qui amenait naturellement le philosophe roi à gouverner et à guider les foules.
Aristote n'aurait pas été moins surpris lui qui définissait la justice distributive comme "ce qui revient à chacun" et toute vertu comme une "médiété" c'est à dire située entre excès et défaut : le courage / la lâcheté, la tempérance / l'intempérance, la justice / l'injustice ... Ainsi entre justice et injustice s' interposait l'idée de graduation, de variation de l'une à l'autre, nuance qui tend à disparaître aujourd'hui où tout bascule soit dans "l'égalité" soit dans "l'inégalité", dans la "pauvreté" ou la "richesse". Un jeune ingénieur célibataire percevant un salaire mensuel de plus de 2500 euros serait classé dans les 20% "les plus riches" et appelé à contribution ( https://www.publicsenat.fr/article/politique/taxe-d-habitation-ce-que-dit-le-couac-du-gouvernement-136751) . Il lui faut faudrait céder une partie de ce qu'il a gagné dans un impôt spécifique, dont la plupart seraient exonérés, car il aurait créé de "l'inégalité". Noter que la même formulation de "riche" pourrait être utilisée si on considérait "les 30% les plus riches", ou les 60% ou les 70 %, ce qui ôte tout contenu à l'idée de richesse: nous faisons tous partie des 100% des plus riches.
John Rawls, philosophe, théoricien de la justice, auteur de "Theory of Justice" ( https://www.cairn.info/revue-etudes-2011-1-page-55.htm) a tenté de définir quels seraient les principes de justice sur lesquels nous pourrions tous tomber d'accord, comme une expérience de pensée menée à partir d'une situation commune pour tous. Il cherche des principes qui ne tombent pas dans les travers de la morale utilitariste qui n'hésite pas à sacrifier une partie de la population pour le bonheur du plus grand nombre ( par exemple ceux qui seuls paieraient la taxe d'habitation...)
Platon aurait été surpris d'entendre le déplacement sémantique qu'on opère 24 siècle après "La République". Inégalité est devenu synonyme d'injustice. Platon ne parlait pas d'inégalité mais de justice et décrivait la société "juste" composée de trois classes: le peuple artisan et commerçant, les guerriers soldats et la classe éduquée qui comprenait les philosophes. Ces trois classes doivent vivre harmonieusement, voilà en quoi consiste la justice. Il accordait évidemment une valeur primordiale à l'éducation qui permettait d'apercevoir et de viser le Bien ce qui amenait naturellement le philosophe roi à gouverner et à guider les foules.
Aristote n'aurait pas été moins surpris lui qui définissait la justice distributive comme "ce qui revient à chacun" et toute vertu comme une "médiété" c'est à dire située entre excès et défaut : le courage / la lâcheté, la tempérance / l'intempérance, la justice / l'injustice ... Ainsi entre justice et injustice s' interposait l'idée de graduation, de variation de l'une à l'autre, nuance qui tend à disparaître aujourd'hui où tout bascule soit dans "l'égalité" soit dans "l'inégalité", dans la "pauvreté" ou la "richesse". Un jeune ingénieur célibataire percevant un salaire mensuel de plus de 2500 euros serait classé dans les 20% "les plus riches" et appelé à contribution ( https://www.publicsenat.fr/article/politique/taxe-d-habitation-ce-que-dit-le-couac-du-gouvernement-136751) . Il lui faut faudrait céder une partie de ce qu'il a gagné dans un impôt spécifique, dont la plupart seraient exonérés, car il aurait créé de "l'inégalité". Noter que la même formulation de "riche" pourrait être utilisée si on considérait "les 30% les plus riches", ou les 60% ou les 70 %, ce qui ôte tout contenu à l'idée de richesse: nous faisons tous partie des 100% des plus riches.
John Rawls, philosophe, théoricien de la justice, auteur de "Theory of Justice" ( https://www.cairn.info/revue-etudes-2011-1-page-55.htm) a tenté de définir quels seraient les principes de justice sur lesquels nous pourrions tous tomber d'accord, comme une expérience de pensée menée à partir d'une situation commune pour tous. Il cherche des principes qui ne tombent pas dans les travers de la morale utilitariste qui n'hésite pas à sacrifier une partie de la population pour le bonheur du plus grand nombre ( par exemple ceux qui seuls paieraient la taxe d'habitation...)
Il en distingue deux :
- chaque personne doit avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous
- les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu'elles
soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b)
attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément
au principe de la juste égalité des chances
Le deuxième principe de Rawls conditionne l'accès égal aux différents emplois, il s'agit donc d'un principe de justice élémentaire. Dira-t-on que ce célibataire, qui a travaillé dur pour passer son diplôme d'ingénieur, d'abord en lycée puis en cours du soir au CNAM, a bénéficié d'un passe droit ? que le poste qu'il a obtenu dans une entreprise française n'était pas "ouvert à tous"? Bien entendu ce poste était conditionné par un profil de compétence, quand Rawls dit "ouvert à tous" il sous entend évidemment à compétences égales. Son salaire est-il injustifié par rapport au service rendu ? rien ne permet de le penser car il ne pourrait garder sinon son emploi dans le privé.
Donc pour Rawls il est parfaitement juste qu'il obtienne et garde ce poste s'il en a les compétences.
Mais alors où est l'inégalité ? pourquoi lui infliger un impôt "spécial" pour corriger ce qui apparaîtrait comme "une inégalité" donc une injustice ? Simplement sur la base de la comparaison de ses revenus avec des revenus plus faibles. De revenus "inégaux" nous passons par une nouvelle théorie à revenus "injustes". Il faut donc passer par l'impôt pour diminuer l'inégalité de revenu et par conséquent diminuer l'injustice. Attendez... mais n'est ce pas le rôle de l'impôt sur le revenu? N'est il pas progressif ? Notre jeune ingénieur ne contribue t-il pas à l'impôt proportionnellement à ses revenus? Ne permet-il pas de fabriquer plus de routes, d'écoles, de payer plus de policiers, de professeurs, de juges que ceux qui gagnent moins que lui? Pourquoi lui demander de contribuer plus ? N'y a t-il pas l'idée qu'au fond il bénéficie de privilèges ? Qu'avec ses 2500 euros il vit comme un nabab?
Dorénavant, comme une révision des principes de
Rawls, les règles de la nouvelle
fiscalité gouvernementales seraient les suivantes:
1) Si les situations diffèrent alors elles sont inégales donc injustes.
2) les inégalités économiques et sociales doivent être compensées pour bénéficier aux plus désavantagés.
La première règle à l’œuvre remet tout simplement en cause la propriété.
De John Locke à Joseph Proudhon un certain raisonnement logique a attribué à chacun la propriété de son corps et par conséquent des fruits de son labeur car effectué par ce même corps. Marx a remis en question cette idée pour une nouvelle axiologie : la satisfaction des besoins individuels passe par la propriété collective des moyens de production, la propriété commune passe avant la propriété individuelle. Le peuple doit pouvoir accéder à la santé, à l'éducation, à la culture ( ouvrière, pas bourgeoise). La véritable production est matérielle, ouvrière ou paysanne. Pour les bolcheviques, ceux qui ne travaillent pas de leurs mains, éducateurs, ingénieurs , penseurs ou artistes, rentiers, par cette nouvelle échelle axiologique doivent redescendre de leur perchoir. De fait beaucoup se sont retrouvés au plus bas: au goulag. Mais ces bolcheviques se sont trompés : le penseur n'est pas à côté de son corps. C'est bien par la production réalisée par son corps qu'on peut dire "Eiffel a construit une tour". Sans ses plans matériels, sans les ordres qu'il a donnés, sans la finalité qu'il a actualisé en mettant en mouvement des centaines d'ouvriers, il n'y aurait pas de tour Eiffel. Alexandre Gustave Bonickhause dit Eiffel, ingénieur centralien, n'était pas interchangeable, il n'était pas remplaçable. L'être humain a une valeur, des qualités, des compétences. Ignorer l'individu spécifique et pénaliser ses qualités propres conduit à des sociétés totalitaires, grises, inhumaines, sans évolutions, sans créativité. Ségréguer par des critères de revenu imposable, dans une monstrueuse réduction de toutes les valeurs, des profils totalement différents: l' héritier rentier richissime et fainéant, le trader qui vend ses titres avant des les acheter, l'ingénieur génial et méritant, l'artisan bosseur issu des "quartiers" qui ne prend jamais de congés, aboutit à déprécier les notions d'effort, de connaissance ou de mérite, par ailleurs tant vantées par le libéralisme .
La société française ne ressemble guère à la Russie arriérée de 1917 ou régnaient maladie, famine, alcoolisme, analphabétisme qui côtoyaient la richesse de grands propriétaires soutenus par l'état. Chacun aujourd'hui a le droit à la santé par CMU, à une retraite par l'assurance vieillesse, au droit au logement ( DAL) et à un revenu de substitution en cas de chômage, mais des injustices graves subsistent. Il n'est de semaine où il est rappelé que les services publics abandonnent des territoires, que les déserts médicaux se multiplient, que des gens meurent dans l'effondrement d'immeubles vétustes, que des chômeurs restent au ban de la société, que les écarts de revenus se creusent. L’État doit faire en sorte de faire disparaître ces injustices. Faut-il pour cela diviser la société et jouer les simples salariés contre les cadres ? ceux qui travaillent contre les chômeurs ou les retraités, les moins éduqués contre les plus éduqués ? L'instituteur débutant touche à peine plus que le SMIC. L'agrégé en fin de carrière perçoit 3000 euros. Bientôt un impôt spécifique pour les ingénieurs débutants. La valeur de la connaissance chute, et dans le même mouvement les populismes continuent leur ascension.
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