lundi 5 mars 2007

Les huitres et les autoroutes


Les autoroutes sanctionnent des paysages, tranchent des territoires, morcellent des vallées, représentantes hideuses d'une priorité à tout prix donnée aux voyageurs au détriment des habitants.
Mais elles relient aussi les villes et permettent le commerce des hommes et des marchandises. Nombre de cités ont vu leur importance croître grâce à ces liaisons plus rapides et plus fiables. Les empruntants, les usagers admirent tranquillement de long paysages au fil des kilomètres.
Elles portent également une coupure à l'intérieur de nous-mêmes, ennemis de ces rubans de vitesse et pourtant habitués des péages.
Nous passons allégrement d'une attitude de dénigrement à un usage raisonné de ce moyen de transport rapide et assez sûr.
Les huitres sauvages envahissent la côte Bretonne et empêchent les moules de s'implanter. Elles migrent des élevages d'Oléron vers le nord aidées par le réchauffement climatique et nourries des rejets de nitrates le long des départements côtiers.
Les agriculteurs rechignent à diminuer l'usages des engrais qui disséminent les nitrates.Leurs revenus en dépendent. Leur vie dépend aussi de l'eau qu'ils boivent, ou qu'ils buvaient, puisque des bassins, devenus non potables, ont fermé .
Des groupes d'intérêts qui s'opposent, le quotidien en offre à profusion. Les cyclistes aux automobilistes, les petits commerçants aux grandes surfaces,les écologistes aux agriculteurs, etc.
Parfois ces catégories sont rassemblées dans un même individu, cycliste et automobiliste, agriculteur et buveur d'eau, vacancier contemplatif et usager d'autoroute.
Celui ci peut alors voir le monde tel qu'il est sans se retrancher dans un camp, appréhender les problèmes dans leur complexité globale, arbitrer et concilier les antagonismes.

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