samedi 16 décembre 2006

la marche


1 degré celcius. Je marche rapidement dans la nuit et le brouillard. Il est 6h30 du matin. Les gouttes tombent, pourtant il ne pleut pas. Les arbres dénudés ruissellent délimitant au sol la couronne de branche.
Une haleine embrumée s'échappe doucement des bouches d'égout. Dior J'adore, dit une autre bouche qui m'embrasse depuis un panneau JC Decaux.
Les voitures sont trop rares pour couvrir le bruit de mes pas sur le sol.
Les lampadaires inondent l'herbe des parcs d'une couleur vert fluo, comme tirée d'un rêve.
C'est un délice de sentir ce corps mécanique, je suis tout puissant. Confort, voiture, horaires programmés : je résiste aux habitudes ambiantes, voilà mon exploit.
Je marche, je romps le pacte, je suis vivant.
La jolie blonde de Dior m'embrasse de nouveau.
Je pourrais partir loin, tout abandonner, tout sacrifier à ma liberté, marcher jusqu'au bout du monde, fonder des civilisations, des religions... Ma puissance n'a plus de limites.
Les voitures sont arrêtées, les feux stop alignés. Les petits conducteurs immobiles sont écrasés sous mes pas et mon mépris.
J'arrive au bureau, fourbu, 1H30 : j'ai battu mon dérisoire record, une téléconférence m'attend.

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