dimanche 20 mai 2007

Arborescence


Hier, le long d'un chemin je vis un arbre, dont j'évaluai le nombre d'années à ... mon âge.
Très tôt , je veux dire enfant, je courais dans cette nature. Il était donc déjà là, tout petit, fragile comme l'enfant qui le regardait.
Aujourd'hui une partie de mon attrait pour cet endroit vient de son statut de nature rassurante, inchangée au cours des années, dont les paysages sont invariants, hormis les influences des saisons.
Pourtant cet arbre me domine de son immense couronne verte. La vérité surgit : tout a changé autour de moi, tel ce tronc, ce feuillage. Mais tout a grandi à mon rythme, par changements imperceptibles.
Le paysage a subi de profondes mutations, mais douces et continuelles. Chaque année, en retournant dans ce lieu, ces mouvements étaient dissimulés à mon corps évoluant lui aussi.
Des dizaines, des centaines d'arbres de ma génération ont tendu leurs branches plus près du ciel chaque année, à mon insu, pendant que mon propre squelette s'allongeait.
Rien ne mérite mieux le qualificatif de vivant qu'un arbre. Il peut voir défiler des générations multiples en oscillant du chef ou en craquant doucement. Sa ramure bruissante structure l'horizon de populations entières d'animaux et d'humains pendant des dizaines ou quelquefois centaines d'années.
Et celui ci attend. Tout les ans il m'attend et me contemple, complice des scènes que j'ai vécu là bas, dont il était le témoin verdoyant et silencieux.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Voilà qui rassure tout de même sur la permanence de la nature, et même sur le changement, puisque par le changement surviennent des états successifs qui bonifient l'arbre...