samedi 21 novembre 2015
Révélation
Les religions révélées partagent ce point commun qu'elles reposent sur le fait que Dieu révèle à l'homme ses prescriptions. Il les communique par un moyen mystérieux, mais cette communication se traduit toujours par un corpus écrit. Ce corpus est rédigé soit par des inconnus, comme la bible, soit par des gens identifiés comme pour les Evangiles ou vient directement de Dieu pour le Coran. La base d'une religion révélée est donc cet ensemble écrit , qui représente la transmission des bases d'une religion. Mais trois difficultés se présentent. La première concerne le brouillage de la transmission : il faut admettre que Dieu est l'auteur de ces textes pour ce qui concerne les données principales de la religion. Mais l'homme est faillible qui retranscrit les commandements de Dieu, et Dieu apparemment ne communique pas souvent. Il peut donc survenir des formules ambigües qu'il est nécessaire de préciser. La deuxième difficulté vient de l'âge de ces textes et du fait que le même message est retranscrit par plusieurs personnes, comme dans le cas des Evangiles. La langue de l'époque et la situation historique peuvent nous apparaître aujourd'hui comme inintelligible ou bien poser des problèmes de sens au 21e siècle. Ces deux difficultés d'interprétation de ces textes induisent la nécessité de l'exégèse, étude approfondie d'un texte. Mais sur un même texte plusieurs compréhensions différentes peuvent malgré tout surgir. La troisième difficulté survient lorsque les citations des textes canoniques sont erronées, ou bien sorties de leur contexte.
Aucune surprise donc si au cours des siècles sont apparus sectes, schismes, guerres de religions. Tout vient d'une lecture différente des textes sacrés et de leur interprétation. Nous pensions en avoir fini. Avoir des religions ou des dérivations de ces religions établies, solides, même si elles s'affrontent encore comme les sunnites et les chiites chez les musulmans.
Le présent nous donne tort.
L'intégrisme islamique prend appui sur des textes du Coran pour semer la mort. Par exemple la sourate 5.33 :
"La récompense de ceux qui font la guerre contre Dieu et Son messager, et qui s'efforcent de semer la corruption sur la terre, c'est qu'ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l'ignominie ici-bas ; et dans l'au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment,"
Si l'auteur de cette phrase est Mahomet, ici le messager, le croyant considère malgré tout que c'est la volonté de Dieu. Car chez les croyants, chrétiens ou musulmans, Dieu a une volonté. Comment connaître ce que Dieu veut ? il faut lire les textes. Comment savoir si la volonté de Dieu a changé ? impossible. Donc si l'on considère que cette sourate n'est plus d'actualité il faut s'en remettre aux autorités religieuses qui détiennent LA véritable exégèse, et qui décrètent ce qui dans les textes ne doit pas être pris littéralement et rejeté. Mais nous nous trouvons face à une aporie : si l'on rejette en partie les textes sacrés sur lesquels repose la religion, sur quoi s'appuie-t-elle finalement ? Si la révélation, parole de Dieu doit être modifiée , que devient le message de Dieu ?
Ce problème se pose pour toute religion et provient du fait qu'une religion révélée imagine Dieu à son image, qui parle et communique, mais plutôt rarement.
En revanche ce qui est spécifique à la religion musulmane sunnite, c'est qu'il n'y a pas de clergé. Personne n'est officiellement responsable de la lecture officielle. N'importe qui peut s'intituler Imam, prendre cette sourate et la présenter à un jeune qui a besoin d'exaltation. Certains musulmans s'en inquiètent. Pour Tareq Oubrou, Imam de Bordeaux dans le Figaro du 13 Novembre "tout le coran n'est pas à reproduire". Hakim El Karoui, dans une tribune du monde du 20 Novembre , déclare "Nous avons laissé le poison de la salafisation des esprits se répandre. Par ignorance collective des textes sacrés, personne n'a été capable de répondre à leur propagande".
Je pense que si Dieu existe, et qu'il a une volonté, il doit être suffisamment puissant pour écrire lui même, sans intermédiaire, des textes sacrés simples, et révisables quotidiennement pour leur assurer la modernité nécessaire.
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