Dans ses Pensées Pascal propose au non croyant ou au sceptique de s'engager: parier que Dieu existe ou qu'il n'existe pas et évaluer les conséquences. Parier que Dieu est, c'est gagner en retour la vie éternelle. Mais qui, au casino de Pascal remet le gain au parieur ? ce ne peut être que dieu. Je place mon pari sur la case "est" ou sur la case "n'est pas", quand saurai-je que j'ai gagné ? pas demain ni après demain, seulement lorsque j'atteindrai ou non le paradis.
Si je mise "dieu est" aussitôt je me met à croire en Dieu, à espérer. Mais aussi à pratiquer la religion, à vivre conformément à ses directives, à suivre les rites, à abandonner les passions néfastes, ma vie ici bas en est transformée .
Si je mise "dieu n'est pas" , quelle espérance de gain puis-je avoir ? pas celle de l'accès au paradis, qui n'est accordé qu'aux croyants. Le gain de ce pari est nul. Ma vie continue sans que je m'encombre de rituels, et je conserve les mêmes passions et concupiscences qui m'éloignent de l'amour de dieu. Mais c'est aussi le sort de celui qui refuse de parier, du sceptique qui estime qu'il n'y a aucun pari à tenir, qui ne choisit pas de case où engager sa mise. Donc que l'on soit athée , c'est à dire celui qui choisit "dieu n'est pas", ou agnostique, celui qui ne choisit pas et qui ne participe pas au pari, c'est la même chose du point de vue de la vie qui se poursuit identiquement, mais c'est aussi la même chose à la fin des temps: l'agnostique et l'incroyant auront le même sort, ils n'iront pas au paradis. Voilà pourquoi Pascal dit que le sceptique est "embarqué" malgré lui, car ne pas participer au pari c'est comme choisir "Dieu n'est pas".
Si dieu n'existe pas, le croyant perd son pari, sa peine sera d'avoir fait des génuflexions inutiles jusqu'à sa mort. L'incroyant gagne, mais son gain est nul.
Si dieu existe, le croyant gagne le Paradis et la vie éternelle. L'incroyant brûle en enfer.
Donc en ce qui concerne le non croyant ou le sceptique, qui parient que dieu n'existe pas, selon le résultat quant à l'existence de dieu leur sort oscille entre un gain nul d'un côté ou de l'autre côté une perte qui signifie brûler en enfer . Alors que s'ils parient sur l'existence de dieu, ils gagnent une vie éternelle au paradis et s'ils perdent, ne perdent rien.
Pour Pascal il s'agit donc d'un simple choix raisonnable:
- ne pas parier revient à parier que dieu n'existe pas
- en pariant "dieu est" le non croyant n'a rien à perdre ou tout à gagner si dieu existe
- en pariant "dieu n'est pas", le non croyant n'a rien à gagner si dieu n'existe pas ou tout à perdre s'il existe.
- son intérêt se résume donc à parier que dieu existe.
Sauf que pour évaluer l'intérêt du "tout à gagner" et "tout à perdre" il faut déjà croire et se trouver dans l'espace de signification du croyant. Dire à un incroyant qu'il va gagner ce qu'il considère comme une illusion ne l’intéressera pas. L'argument "raisonnable" de Pascal ne peut donc persuader que ceux qui le sont déjà et qui accordent une valeur positive au paradis et une valeur négative à l'enfer.
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