mardi 5 janvier 2016

Le corps cet inconscient

S'il l'on admet que le mot "esprit" ne recouvre aucune réalité qui ne puisse être remplacée par le mot "corps" , alors quelles conséquences en tirer pour le mot "inconscient" ?
Tous les désirs refoulés trouvent refuge dans "l'inconscient", mais si l'on admet la conscience comme une fonction du corps qui constate sa propre action, comme dans un miroir, alors l'inconscient se résume au corps qui agit sans en informer la conscience. Lors du refoulement, le miroir réfléchissant du corps à la conscience s'altère alors d'une zone recouverte de poussière.
Dans "Psychopathologie de la vie quotidienne" en 1901 Freud décrit l'acte "manqué" dans lequel le corps court-circuite  la fonction "volonté" pour agir. L'inconscient, par ce moyen, place son pied dans la porte entrouverte du conscient pour manifester la présence du refoulé.

La fonction corporelle "conscience", qui affronte une contradiction lorsque nous sommes soumis à une pulsion interdite par la culture, ne peut trouver d'issue que par deux moyens exclusifs l'un de l'autre:
- affronter l'interdit, le tabou.
- nier la réalité de ce désir
Un peu comme si nous ne savions où nous diriger face à un chemin qui se sépare en deux, chargé d'un paquet dans lequel se trouverait, sur un ressort compressé, le désir refoulé sous un couvercle. Si nous laissons se détendre le ressort, libérant le désir, il faut prendre le premier chemin. Il présente beaucoup de difficulté, borde un précipice et son sol est mal commode, mais il arrive à destination. De l'autre côté le chemin, plus facile, s'apparente à une grande courbe au sol lisse, mais il nous est impossible d'emmener le paquet, il faut le laisser sur place avec une pierre sur le couvercle. Cette courbe est circulaire et nous ramène inexorablement à revenir à côté du paquet sans pouvoir l'ouvrir. Le seul moyen de quitter ce cercle consiste à revenir par le chemin difficile pour enfin ôter cette pierre . L'inconscient, le corps donc, garde trace du refoulé, du paquet. Dans l'hystérie de conversion, dans la somatisation, le corps sculpte ce qui n'est pas passé par le miroir de la conscience.
Hegel qui a construit sa philosophie sur la dialectique a certainement inspiré Freud dans sa théorie du refoulement, exemple fondateur d'un processus dialectique: un désir , une négation du désir, puis quelque chose qui rassemble les deux, qui s'appelle le refoulement, mais qu'on pourrait appeler le corps.
Rappelons nous Spinoza : "Personne, en effet, n'a jusqu'ici déterminé ce que peut le corps" Spinoza, Ethique III. 



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