Quand on y regarde de près personne ne désire un emploi.
A travers l'emploi, nous recherchons des moyens de nous procurer des biens que nous ne pouvons obtenir autrement. L'emploi ne constitue pas un bien par lui même mais il rend possible d'assurer les besoins élémentaires, de garder une certaine autonomie et de pouvoir construire des projets pour les besoins secondaires.
Nous désirons principalement subvenir à nos besoins primaires qui sont biologiques : s'abriter pour échapper aux aléas climatiques et dormir au chaud, se nourrir, rester sain de corps et d'esprit, se reproduire. Puis nous désirons vivre à l'image des autres, obtenir les mêmes biens, ce qui nous amène à orienter nos vies de manière identique. Les besoins biologiques de l'humanité ne changent pas alors qu'une partie des besoins secondaires évoluent. La vie sociale appartient au socle invariant à la base de ces biens, mais la technologie offre l'occasion de créer en permanence de nouveaux besoins associés ou non à la vie sociale . Parmi ceux ci certains concernent notre biologie : une santé améliorée, une vie plus longue, d'autres se classent plutôt dans le confort: l'automobile, la télévision, le téléphone mobile.
A divers moments de nos vies nous ne cherchons ni n'obtenons "d'emploi". Les besoins du jeune sont pourvus par ses parents et par la collectivité, il apprend pendant sa prime jeunesse à utiliser les biens qu'on lui fournit, jeux, vêtements, connaissances, qui vont bientôt lui apparaître comme indispensables. Il y a peu il passait ensuite dans le giron de l'armée qui le prenait en charge pendant un an ou plus et couvrait ses besoins primaires. L'université le transporte jusqu'à l'âge où il devient adulte. Adulte qui après sa vie professionnelle peut vivre encore une trentaine d'année en dehors du circuit de "l'emploi". Bien que le travail féminin se soit répandu dans la société après guerre il reste encore de nombreuses femmes dont la vie est rythmée par les occupations domestiques et qui ne travailleront jamais. Jeunes, mères de famille et retraités composent 43,5% de la population.
Nous somme très pauvres ou désocialisés quand nous n'arrivons pas à couvrir les besoins primaires : c'est le cas du SDF. Parfois des gens qui ont un abri n'ont pas suffisamment pour se nourrir, ou encore ne peuvent pas se soigner.
Nous nous estimons pauvres lorsque nous n'avons pas de télévision, de téléphone, ou de voiture (ce qui constitue un cercle vicieux à la campagne puisqu'il faut travailler pour acheter une voiture et avoir une voiture pour aller travailler). Le transport fait partie de nos besoins secondaires, mais néanmoins importants : il intervient dans la chaîne d'activités qui permet de se procurer des biens provenant d'ailleurs qui autrement devraient être fabriqués dans notre proche entourage. Il est aussi constitutif de la vie sociale, qui resterait limitée à une zone géographique limitée par les capacités du corps humain.
Les besoins primaires, peuvent à la limite être pourvus, sans vie sociale, en vivant en autarcie. Mais dès que l'autarcie ne peut suffire, la coopération, donc la vie sociale, devient nécessaire. Se faire soigner implique de faire appel à quelqu'un qui connaît la médecine, se reproduire hors de son groupe incite au déplacement vers d'autre communautés.
Durkheim dans "la division sociale du travail" explique que le lien social que crée la coopération réciproque peut se voir comme une solidarité. La solidarité "organique" est une métaphore des organes corporels qui ne peuvent se passer l'un de l'autre. La solidarité mécanique forme l'image des liens qui unissent les membres d'une société par le biais de leurs usages communs, de leurs coutumes, de leur culture. Solidarité organique et mécanique, chacune par son effet distinct, cimentent la société.
La difficulté que nous affrontons avec la disparition progressive de l'emploi, corollaire de l'envahissement des automatismes, et bientôt des co-bots ( collaborative robots), provient de la disparition de la solidarité organique que vivent les chômeurs, ainsi que l'amenuisement de leur capacités à se procurer des biens secondaires.
Nous devons trouver des formes d'organisations nouvelles dans lesquelles le sans emploi offre ses compétences gratuitement aux entreprises, et lui permettre en retour d'acquérir des biens secondaires grâce à un salaire de la collectivité.
Comment financer ce salaire ? Aujourd'hui les chômeurs touchent leur allocation sans travailler, il suffirait la conditionner, après une courte période, à un emploi "gratuit". Les entreprises devraient retourner à l'état une partie de la valeur crée et s'engager à garder le travailleur pour une durée déterminée.
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