vendredi 15 janvier 2016

L' autre état islamique

Les 30 et 31 Mars 1979 , les iraniens répondaient à la question du référendum "voulez vous un état islamique" ? Le vote a subit des pressions, ce qui explique le score de 98% de "oui",  on ne sait donc pas si les iraniens étaient en majorité favorables à un nouveau régime conduit par l'ayatollah Khomeiny. Le conseil révolutionnaire, composé en majorité de religieux, impose sa loi au gouvernement provisoire.
Le 31 décembre 1979 un autre référendum a lieu et une nouvelle constitution s'instaure qui donne le pouvoir au guide suprême sur un pays de 37 millions d'habitants.
Le guide suprême, chiite, veut propager la révolution islamique, ce qui n'est pas du goût de l'Irak voisin, dirigé par un sunnite, qui est un régime laïque. L'Irak et l'Iran entament une guerre de 10 ans qui fera entre 500000 et un million de morts. Cela refroidira le guide qui sans cela aurait entamé la guerre sainte :"La guerre sainte signifie la conquête des territoires non musulmans. Il se peut qu'elle soit déclarée après la formation d'un gouvernement islamique digne de ce nom, sous la direction de l'Imam ou sur son ordre. Il sera alors du devoir de tout homme majeur et valide de se porter volontaire dans cette guerre de conquête dont le but final est de faire régner la loi coranique d'un bout à l'autre de la Terre." déclare t-il.
Le régime est nommé "République" mais dans les écrits de Khomeiny on remarque sa vision particulière :"Le gouvernement islamique ne peut être ni totalitaire ni despotique, mais constitutionnel et démocratique. Dans cette démocratie, pourtant, les lois ne dépendent pas de la volonté du peuple, mais uniquement du Coran et de la Sunna du Prophète." , ce qui n'a évidemment rien à voir avec la définition d'une démocratie dans laquelle le peuple est souverain.

Il présente son idée de la justice :"Il faut châtier les fautes par la loi du talion : couper la main du voleur, tuer l'assassin et non pas le mettre en prison, flageller la femme ou l'homme adultère...Au terme de la loi coranique, n'importe quel juge réunissant sept conditions : être pubère, croyant, connaître parfaitement les lois coraniques, être juste, ne pas être atteint d'amnésie, ne pas être bâtard ou de sexe féminin, est habilité à rendre la justice...donner 80 coups de fouet à un buveur de vin ou 100 coups de fouet à l'homme ou la femme adultère, lapider la femme adultère si elle est mariée.." 

Et sa vision apaisée de la politique internationale : "Tout pouvoir laïque, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, est forcément un  pouvoir  athée,   œuvre  de Satan; il est de notre devoir de l'enrayer et de combattre ses effets. Le pouvoir « satanique » ne peut engendrer que la « corruption sur la terre », le mal suprême qui doit être impitoyablement combattu et déraciné. Pour ce faire nous n'avons d'autre solution que de renverser tous les gouvernements qui ne reposent pas sur les purs principes islamiques, et sont donc corrompus et corrupteurs; de démanteler les systèmes administratifs traîtres, pourris, tyran-niques et injustes qui les servent.  C'est non seulement notre devoir en Iran, mais c'est aussi le devoir de tous les musulmans du monde, dans tous les pays musulmans,  de mener la Révolution Politique Islamique à la victoire finale."
 
En février 1989, Khomeiny publie une fatwa sur Salman Rushdie, écrivain , auteur des "versets sataniques". Il est accusé de blasphème et condamné à mort. La fatwa appelle tous les musulmans à exécuter l'écrivain. L'état renonce à la fatwa 10 ans plus tard. Mais elle réapparait dans le magazine d'Al Qaida(AQPA) en 2013, où l'on peut voir aussi le nom de Charb.

En 2015, des islamistes radicaux ont exécuté la fatwa contre Charb et ses amis au nom d'Al Qaida, puis d'autres, se revendicant de l'EI ont assassiné 139 personnes à Paris avec pour motif d'habiter la capitale des abominations et de la perversion.
L'islamisme politique ne date pas d'hier, et ne vient pas d'une secte.







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