dimanche 27 décembre 2015
Islamophobie : une maladie ?
Antisémitisme et Islamophobie semblent à première vue composer un ensemble symétrique.
L' antisémitisme repose sur la thèse, propagée par l'Allemagne nazie, que les juifs forment une race inférieure. Les actes antisémites sont des crimes punis par la loi Gayssot de 1990.
L' islamophobie, en tant que terme, se compose des mots Islam et phobie. Il indique une peur maladive de l'islam, donc de la religion musulmane. A noter que les mots composant ce terme, contrairement à "antisémitisme" qui vise les sémites, ne visent pas une ethnie ou une race, qu'on ne parle pas d' "arabophobie" alors que les pratiquants de l'islam en France sont en majorité maghrébins. Littéralement donc "islamophobie" n'est pas synonyme de racisme, comme l'est "antisémitisme", la symétrie apparente disparaît.
Remarquons également qu'aucun mot français n'évoque la phobie de la religion juive ou la phobie du juif. L'islam fait peur mais le juif est haï. Il y a indubitablement un racisme anti-arabe rampant en France, survivance de la colonisation, qui pense l'arabe comme inférieur, dont les actes qui s'en inspirent doivent être punis, mais ce n'est pas ce qui se joue immédiatement dans le terme "islamophobie", qui est plus complexe.
Une lourde charge de significations implicites pèsent sur ce mot. On admet universellement que l'islamisme radical répand la terreur, mais personne n'a inventé le mot "islamismephobie", le mot s'applique à l'islam. Islamophobie viendrait donc d'une extension de cette peur, provoquée par les actes du radicalisme islamique, à la religion musulmane toute entière. Les gens susceptibles d'islamophobie seraient donc malade d'une peur irrationnelle envers la religion musulmane, par "amalgame" avec leur peur des actes de l'islamisme politique radical. Actes eux mêmes revendiqués par leurs auteurs comme une application stricte du coran, parole de Dieu qui code les comportements des mulsulmans.
Les islamophobes ne connaissent en général pas le Coran, tout comme les aérophobes, qui ont peur de l'avion, n'appréhendent pas la mécanique aéronautique. Mais s'ils lisaient le Coran, l'effroi ne s'éloignerait pas car les islamistes radicaux n'inventent pas les sourates sur lesquels ils s'appuient. Il les décontextualisent en appliquant littéralement ce qu'ils lisent. Lorsque les islamophobes entendent sur utube l'imam salafiste de la mosquée de Brest dire à une assemblée d'enfants que la musique est "haram", c'est à dire proscrite, ou à des adultes qu'une femme non voilée ne doit pas s'étonner d'être agressée, leur maladie progresse. Comment savoir si c'est le "vrai" islam ou le "faux" islam ? des "vraies" sourates ou des sourates "obsolètes", un véritable imam ou un charlatan ? Si ce prêcheur ne respecte pas l'islam, s'il ne pratique pas la religion musulmane adéquate, n'est ce pas aux autorités religieuses de l'exclure ? voilà ce que se demande l'islamophobe. Lorsqu'on répond à l'islamophobe qu'on ne peut excommunier dans l'islam sunnite, que tout un chacun peut s'intituler imam, et interpréter le Coran à sa guise, cela ne rassure pas l'islamophobe. Lorsque l'état français, en respect de ses lois, ne peut faire taire l'imam de Brest comme l'avoue le ministre de l'intérieur, alors sa terreur progresse encore. Reconnaissons, nous qui ne sommes ni juif, ni mulsulman, ni catholique et pas atteint par la maladie, qu'il ne s'agit pas d'un unique cas brandi outrancièrement par le complot islamophobique français... Considérons sérieusement les peurs, ne les ignorons pas, n'envoyons pas les effrayés chez le docteur FN qui attisera l'effroi.
Pour de nombreux acteurs publics, "islamophobe" s'emploie désormais, non pour désigner un malade mais pour tancer. De maladie simple, l'islamophobie devient une maladie honteuse. Pire, par glissement sémantique, islamophobe s'emploie en lieu et place de "raciste", ceux qui ont peur tomberaient dans la haine xénophobe. Les français "islamophobiques" seraient en passe de conduire des ratonnades généralisées. Pour répondre à cette phobie envers les islamophobiques il suffit de rappeler quelques chiffres.
La communauté juive en France compte 550000 membres. et la communauté musulmane en compte environ 5 millions.
D'après un article du Monde , qui reprend les statistique de l'observatoire de l'islamophobie en France, il y a eu "274 actes et menaces antimusulmans au premier semestre 2015", donc sur 6 mois, contre 72 sur la même période l'année passée. "une nette décélération au second trimestre 2015 est observable, avec 52 actes et menaces recensés,"
Le Service de Protection de la Communauté Juive relève lui "De janvier à mai, 508 actes et menaces antisémites", donc sur cinq mois, contre 276 en 2014. Avec une extrapolation à 6 mois cela nous donne donc 609 pour le premier semestre 2015.
Pris de manière absolue, les actes antisémites représentent donc 69% des actes racistes en France, (en assimilant les actes antimusulmans à des actes anti arabes ). Pris relativement et rapportés à la population de chaque communauté cela donne 274:5000000 = 0,005 % pour la population musulmane affectée et 609 : 550000 = 0,11 % pour la population juive, soit plus de 20 fois plus.
Les enfants juifs quittent de plus en plus souvent l'école de la république pour trouver la sécurité dans les écoles confessionnelles.
Il faut également se rappeler l'attaque de l'école de Toulouse et de l'hyper cacher de la porte de Vincennes, visant spécifiquement la communauté Juive, qui se sont soldées par de nombreux morts, dont des enfants, ou l'affaire Ilan Halimi.
En 2015, 8000 juifs français ont quitté la France pour émigrer en Israël, formant le plus important contingent d'immigrés dans ce pays cette année.
Cela ne vous fait pas peur ?
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