samedi 19 décembre 2015

ceux qui font des actions honteuses et mauvaises...

... le font involontairement. C'est ce qui dit Platon par la bouche de Socrate dans le "Protagoras". Dans l’émission "Le monde selon Michel Onfray" du 19 décembre 2015, on notera l'humilité nécessaire pour accepter un tel titre, le sus-nommé acquiesce à cette thèse de Platon.
"Nous sommes dans une configuration judéo-chrétienne [...] le pêché originel procède de cette liberté, de ce libre arbitre qu'a postulé le judéo-christianisme, puis d'un seul coup on a quelqu'un qui nous dit : mais pas du tout nous ne sommes pas libre[...]" Platon serait donc le premier des philosophes déterministes. Avec ses successeurs, on peut donc en déduire "on ne choisit ni de faire le mal volontairement ni de faire le bien volontairement". Pourtant détracteur du père de la psychanalyse, il va citer à la rescousse Freud et l'inconscient pour appuyer la citation platonicienne
 "Il y a un beau texte de Freud qui répond à un juriste[...] qui dit mais  alors les délinquants ne sont pas responsables ? [...] Freud qui dit effectivement il y a des circonstances atténuantes. " oubliant la moitié de son cerveau contemptrice de Freud qui déclarait auparavant :
"Or cet inconscient est présenté comme une découverte majeure par Freud, mais elle n'est jamais susceptible d'une définition digne de ce nom dans les 6000 pages de l'oeuvre complète... Dès que la raison s'avance, l'inconscient recule."
Un jour Freud a tort, le lendemain il a raison...
"Pendant très longtemps la gauche nous disait si on se retrouve à la barre du tribunal il faut expliquer pourquoi[...]on ne nait pas pédophile on le devient..."
"[...] alors expliquer c'est comprendre et comprendre ce n'est pas justifier"
Pourtant Dilthey montre bien qu'expliquer s'attache à la nature et aux phénomènes physiques, "Nous expliquons la nature, nous comprenons les phénomènes psychiques". Si nous pouvons expliquer, par les causes et les effets "comment" le criminel a commis son acte, cela ne nous donne pas les clefs de la compréhension de ce qui s'est passé dans son esprit, le "pourquoi". Expliquer dépend des sciences de la nature et comprendre dépend des sciences de l'esprit. Expliquer établit une relation objective, comprendre une relation subjective.
Pour expliquer pourquoi un criminel agit il faut d'abord comprendre. 
On retient donc qu'Onfray pense qu'on peut expliquer pourquoi on "devient" pédophile, avant de comprendre ce qui se passe dans l'esprit, et sans nous dire par quelle théorie scientifique, peut être peut-il expliquer comment on devient hétérosexuel ou homosexuel, amoureux ou philosophe, tout cela bien sûr sans l'aide de la psychanalyse qui, comme il le dit, n'est pas une science, ni avec celle de la théorie fumeuse de l’inconscient.
De nouveau Onfray reprend :
"Non le philosophe n'excuse pas tous les actes mais il les explique". Puis appel à Nietzsche et la généalogie : "pourquoi les gens font ce qu'ils font ? pourquoi nous appelons le bien Bien et pourquoi nous appelons le mal , Mal? [...] Le philosophe est par  delà le bien et le mal il est sur la description[...] Sur le concept de barbarie il faudrait s'entendre, les français aussi ont été barbares, tous les peuples l'ont été à un moment donné" 
On note qu'effectivement Onfray se positionne en surplomb, utilise sa raison , méprise les passions, et par un écrasement  du temps et de l'espace égalise tous les barbares dans une grande confraternité universelle.
En effet puisque les français ont été barbares auraient-ils maintenant une raison de se plaindre d'autres barbares ?
"Pour les actes terroristes on peut tomber dans la morale et dire c'est de la barbarie on peut aussi chercher pourquoi les choses ont lieu, comment elle se sont enchainées." 
On note que subrepticement nous avons maintenant le pourquoi avant le comment...  
"Bergson pendant la guerre disait que les allemands étaient des barbares et que nous étions la civilisation. Je pense que c'est le degré zéro de la pensée".  
Un jour écrira-t-il un livre pour déboulonner Bergson, auteur de pensées nulles, qui sait ?
Puisqu'il nous faut raisonner analogiquement pour comprendre Onfray, il établit donc un lien implicite entre Allemagne et Etat Islamique. Nous les appelons barbares simplement parce que ce sont nos ennemis, nous sommes au degré zéro de la pensée si nous affirmons que ce sont des barbares. Si nous ne tombons pas dans la morale et que nous expliquons leur geste, d'après Onfray, alors tout deviendra lumineux: s' ils égorgent, décapitent, brulent vif, violent des femmes esclavagisées, coupent des pieds et des mains, tuent aveuglement des civils attablés ou au concert, ceinturent des enfants d'explosifs, veulent imposer le califat au monde, cela ne s'appelle pas barbarie, cela s'explique et donc il y a des circonstances atténuantes. En fait on connait sa thèse : la france islamophobe bombarde les musulmans qui en retour tuent des français, voilà où mène son effort d'explication. ( cf http://billetgratuit.blogspot.com/2015/11/lemission-salut-les-terriens-ete.html )
Puisqu' Onfray, qui n'a jamais un mot pour les victimes des attentats de Paris, cite Nietzche, il devrait relire "Le Gai Savoir" (333), où ce dernier cite la fameuse phrase de Spinoza "non ridere, non lugere, neque detestari, sed intelligere ..." pour problématiser ce qu'est la connaissance. Selon Nietzsche "Intelligere", comprendre, ne peut surgir sans une lutte au tréfond de soi où se mène la bataille des passions. A trop se détacher des passions, on ne comprend plus rien. Il suffit pourtant pour comprendre les attentats de Paris de lire la revendication : "Paris capitale des abominations et de la perversion, celle qui porte la bannière de la croix".





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