mardi 1 décembre 2015

Pourquoi la guerre ?

Partout dans le monde s'est imposé l'Etat, comme institution qui règle la vie en communauté et garantit la sécurité intérieure et extérieure. La naissance de l'Etat n'a pas éliminé les conflits entre les hommes, elle a rendu ces conflits entre états plus puissants, plus meurtriers. La puissance de l'Etat est constitutive pour Hobbes et Max Weber lui attribue le monopole de la violence légale. Comment s'étonner de retrouver cette violence à l'extérieur de l'Etat quand l'homme est considéré violent par nature, comme chez Plaute: "l'homme est un loup pour l'homme", chez Hobbes : "c'est la guerre de tous contre tous" ou  chez Pascal: "tous les hommes se haissent naturellement l'un l'autre", chez Spinoza "les hommes sont donc ennemis par nature". Même si l'homme n'est pas mauvais par nature chez Rousseau, il le devient en société qui altère sa perfection naturelle et le rend esclave de ses désirs et son amour propre qui attisent les conflits.
Le désir de puissance supplémentaire donc de conquête a fondé l'histoire des guerres bien avant l'existence de l'état moderne. Il se traduit aujourd'hui par le partage des terres de la planète: aucun territoire n'est plus en possession d' un état, seul l'océan reste à partager, et le cosmos.  On assiste malgré tout encore à quelques soubressauts : Palestine, ex Yougoslavie, Soudan, Crimée. Dans cette histoire du partage, des alliances ont vu le jour:  de même que la puissance de l'Etat démultiplie la puissance de chacun, s'allier militairement à d'autres états permet d'être plus puissant encore. Ainsi se sont crées pendant la seconde guerre mondiale, les forces de l'axe ou celle des alliés, puis l'OTAN ou les forces du pacte de varsovie. Les alliances économiques déterminent aujourd'hui largement les alliances militaires. Ainsi la coalition qui défendit le Koweit pendant la guerre du golfe se rassembla sur des bases légales du droit international, qui garantit les frontières reconnues, mais avec une motivation économique claire : personne ne voulait voir déstabilisé le commerce du pétrole mondial
Appartenir à une alliance militaire ou économique implique des devoirs envers ses alliés mais pas une obéissance absolue. Ne pas la respecter attire des conséquences : lorsque la France refusa de rejoindre la coalition lors de la seconde guerre d'Irak suite aux mensonges des Etats Unis devant l'ONU elle fut la victime d'un "french bashing" dans les pays anglo saxons qui altéra ses revenus à l'export ou dans le tourisme intérieur et détériora ses relations avec eux pour longtemps. Il s'agit donc en s'alliant : d'une part de garantir le commerce et la paix - garante du commerce - mais d'autre part de ne pas perdre son âme en s'inféodant à la politique d'autres états poursuivant leurs intérêts propres.
Chaque état n'intervient pas dans chaque conflit de la planète, mais favorise ses intérêts. Les menaces pour le commerce sont un déterminant majeur mais pas le seul. Affirmer sa puissance en cas de menace, défendre ses ressortissants à l'étranger, protéger les civils d'un génocide sont des motivations qui peuvent amener un état à des interventions militaires, sans oublier les motifs religieux, la mégalomanie d'un dictateur ou l'armée agissant pour son propre compte. Parfois  plusieurs de ces intérêts sont mêlés comme pour l'intervention de la France au Mali qui appelait à l'aide.

Pour réduire la possibilité de guerre, chacun état suivant ses intérêts, des organisations internationales ont vu le jour : la société des nations puis l'ONU.
Le droit international constitue donc la seule barrière et le seul moyen d'éviter ou de tempérer les conflits, puisqu'il se base sur un accord de ses membres pour prendre ses décisions( Il est vrai qu'il est contestable de confier à cinq pays le rôle de membre permanent) Ainsi il n'est pas plus de justice dans l'état de nature, comme l'affirme Hobbes dans le Leviathan, qu'il n'est de guerre juste hors du champ du droit international. La justice n'apparait que par la loi, et la liberté dans le silence de la loi. Carl Schmitt remarque à propos un retour à la notion de "guerre juste" par l'avènement d'institutions inter-étatique. Pour autant n'il y a t il pas de notion de Bien ou du Mal qui détermine l'action des états ? Chaque état affirme agir dans le cadre de ses valeurs, qu'il estime universelles, mais souvent les valeurs, comme les intérêts, sont contradictoires. Le Bien pour la France, n'est pas le Bien pour Daesh ( qui n'est qu'un proto état), ou le Bien pour la Russie, "l'axe du mal" pour les Etats-unis n'est pas celui de la France. Il y a donc une morale qui s'applique à chaque individu et chaque culture, que chaque état ne peut ignorer, mais pas de morale universelle. La seule référence qui établi le juste est donc la loi, internationale en l'occurence.

 Le monde devient un champ de Lego ou faire tomber une pièce engendre de nombreuses conséquence pour le village mondial il est clair que la destruction de l'Irak par les Etats-unis a entrainé la destabilisation de toute la région, la chute du Mali aurait engendré un retour au moyen âge pour toute cette région, une menace sur l'approvisionnement d'uranium et de nouveaux conflits. Un homme libre doit pouvoir agir pour maîtriser sa vie, de même doit se comporter un état à l'international pour gérer au mieux ses intérêts. Ne rien faire pour empêcher Daesh d'établir un califat en Irak et en Syrie serait une erreur lourde qui pourrait mettre à feu et à sang tout le moyen Orient et déclencher une guerre mondiale. Il ne s'agit pas d'une guerre "juste" mais d'une guerre motivée par des raisons d'ordre géopolitique. Tenter de négocier diplomatiquement avec Daesh serait une stupidité dans laquelle aucun état s'est lancé.

Michel http://www.blogblog.com/dots/bg_post_title.gif Pourquoi la guerre


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