vendredi 4 décembre 2015

Radicalité


Le terme "nihiliste" , popularisé dans "Père et fils" de Tourgueniev en 1862, est porté par le personnage de Bazarov. L'horizon du nihiliste ( de nihil en latin qui signifie : "rien") se limite à la destruction de tout. Rien ne doit être conservé des valeurs pourries de ce monde sauf la science. Ce radicalisme n'est pas inspiré de la religion, qu'il rejette comme le reste. "Un nihiliste, c’est un homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui ne fait d’aucun principe un article de foi, quel que soit le respect dont ce principe est auréolé"... "A l’époque actuelle, ce qu’il y a de plus utile c’est la négation."
Héritier de ce courant, Nicolas Netchaiev, auteur du " Catéchisme du révolutionnaire" en 1868, est un nihiliste russe adepte du terrorisme comme moyen d'arriver à la révolution, l'horizon du nihiliste se déplace puisqu'il poursuit un but constructif: l'avènement d'une société nouvelle. L'organisation Narodnaïa Volia, organisation qui mettra plus tard les idées de Netchaïev en pratique, assassinera le tsar Alexandre II en 1881.
Sans doute ont ils lu Nicolaï Tchernychevski, auteur du roman "Que faire" en 1862, roman féministe, qui met en scène un "homme nouveau". Un atelier de couture appliquant l'idée coopérative de Robert Owen 1 est crée par Vera Pavlovna, préfigure un avenir transformé et lumineux. Sa lecture chamboulera Lénine qui voudra appliquer les idées communistes au monde entier par une révolution mondiale.
Peut on trouver des points communs entre les djihadistes de 2015 de Daesh et les nihilistes de 1860 ou les bolchéviks de 1912 ? Certainement assez peu, hormis le désir de changer de société par des moyens ultra violents, la religion portant les uns et abhorrée par les autres. Cependant ils expriment tous la permanence dans toute société d'une certaine radicalité portée par l'espoir d'un monde nouveau, d'un changement de condition. Le meurtre barbare: décapiter sa victime, la brûler vive, lapider, n'était pas prôné par les activistes russes. En revanche, le monde religieux, par l'inquisition, s'est rendu coupable de crimes semblables, contre ceux qu'elle estimait renier la foi catholique : bûchers, supplices etc. Accéder à ces crimes permis par le discours religieux constitue une sorte de vanne ouverte pour tout réservoir de haine.
La radicalité, telle le torrent gonflé par l'orage, emprunte tous les chemins par où elle se déverse le plus furieusement. L’effondrement des idéologies politiques matérialistes libératrices du début du siècle, l'absence de spiritualité d'une vie consumériste, remettent en selle, en réaction, le sentiment religieux comme  horizon pour changer sa vie.

Michel http://www.blogblog.com/dots/bg_post_title.gif Radicalité

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